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David RUFFIER-MONET

nov. 2013

Le rapport Cadix "Pour une politique nationale de design" en téléchargement libre

Domaines d'intervention :
Projet Design / Living Labs

Mémoire remis au ministre du Redressement productif et à la ministre de la Culture et de la Communication le 15 octobre 2013 par Alain Cadix chargé de la Mission Design.

Mémoire rédigé avec le concours du Collège des designers associé à la Mission Design.

 

La France a pris du retard dans le champ de l’innovation. Hors des grands programmes, nos entreprises ont perdu ces dernières décennies en positions sur les marchés « B to C » les plus innovants et porteurs, voire en ont été évincées. Pourtant la France détient la plupart des technologies qui font – ont fait ou feront – les innovations introduites sur les marchés et/ou dans la société. Mais elle n’a pas la culture de l’usage.

Résumé

 

Nos entreprises, centrées sur la technologie – poussées en cela par tous les programmes nationaux d’aides à l’innovation depuis des décennies – en ont oublié « l’expérience utilisateur » qui fait, ou ne fait pas le succès d’une innovation. Or c’est le design qui fait le lien, qui est l’engrenage entre la technologie et l’usage et qui ajoute la part d’imaginaire qui rend les objets désirables. Que cette technologie soit banalisée ou nouvelle.

 

Force est de constater que la France n’a pas de culture du design ; malgré les efforts méritoires consentis par certains acteurs sur le terrain depuis des décennies.

 

La question qui devient alors centrale est la suivante : que convient-il de faire aujourd’hui pour qu’en 2025 ou 2030 nous ne soyons pas encore dans cette « inculture design » qui nous pénalise en termes de compétitivité hors coûts et nous retarde sur le chemin de l’innovation économique et sociale, voire nous en écarte.

 

Comme il s’agit d’engager une mutation culturelle profonde, la novation proposée est d’aborder cette question de façon globale, systémique, en ne nous limitant pas au renforcement et à la fluidification de la relation « entrepreneur designer » – condition nécessaire – mais en abordant simultanément tous les secteurs de l’environnement économique et social, culturel et éducatif, national et territorial, de cette relation.

 

Mais une mutation culturelle demande de la cohérence, de la constance et de la consistance dans la politique mise en oeuvre. La cohérence naîtra de la bonne volonté des acteurs, de leur souci dupartage au service d’un intérêt commun, de leur acceptation d’une coordination a minima ; elle s’installera par des démarches contributives de co-construction des actions à réaliser. La constance et la consistance seront le fruit d’une volonté politique partagée dans la durée par l’Etat et les grandes collectivités territoriales (régions, métropoles), par les organisations intermédiaires et médiatrices que sont les Chambres de commerce et d’industrie, des métiers, mais aussi les fédérations professionnelles.

 

La constance et la consistance feront que cette politique concernera, non quelques entreprises et quelques établissements publics chaque année sur quelques territoires mais, en une décennie, pratiquement toutes les entreprises « éligibles » au design et tous les établissements potentiellement porteurs du design sur l’ensemble du territoire national.

 

C’est le grand défi de la Mission Design. Pour cela, elle doit en particulier réduire les points de tension qui existent inévitablement entre le temps long de la mutation culturelle et le temps relativement court du redressement productif, et du redressement créatif qui l’étaye. Car il y a une certaine urgence à regagner en compétitivité et pour cela, en particulier, à renouveler notre offre de produits et de services sur les marchés mondiaux ; tout en conduisant dans le durée une profonde évolution des mentalités à l’égard du design. Elle doit aussi réduire les points de friction entre diverses institutions, aux anciennetés et expériences variées, aux tutelles diverses, aux missions parfois redondantes, souvent non congruentes.

 

Quelle politique nationale de design ?

Cette politique doit placer au centre la relation « entrepreneur designer » (condition nécessaire) mais elle doit aborder toutes les dimensions d’environnement ou de contexte de cette relation. 

 

Elle doit viser trois objectifs stratégiques :

    •       mieux saisir et comprendre le design, son rôle, sa place ;
    •       mettre en oeuvre des démarches de design dans le plus d’entreprises possible et les accompagner ;
    •       faire rayonner la vision française du design (designed in France) en Europe et dans le monde.

 

Les actions envisagées doivent viser toutes les parties prenantes, à divers titres :

      les décideurs politiques, les responsables administratifs et financiers du secteur public ;
      les chefs d’entreprise, les managers, ingénieurs et marketers ;
      les designers eux même ;
      les enseignants et les chercheurs ;

      les scolaires, les étudiants dont les élèves designers ;

      le grand public.

 

L’ensemble des actions préconisées se trouve présenté en Annexe 1 du rapport complet téléchargeable en cliquant sur le lien ci dessous à droite. Certaines actions concourent à l’obtention des ressources financières nécessaires à cette politique. De cet ensemble de préconisations sont extraites dix actions clés à mettre en oeuvre au plus vite qui essayent de concilier le temps court du redressement productif et le temps long de la mutation culturelle profonde nécessaire à notre pays en matière de design (elles ne sont pas ici hiérarchisées) :

 

1. mise en place de résidences de designers dans un grand nombre de pôles de compétitivité et la plupart des grappes d’entreprises labellisées par le DATAR ;

2. « mobilisation générale » coordonnée de tous les acteurs sur le terrain, en interrelation avec les entrepreneurs, pour la diffusion de la démarche design ;

3. introduction chaque fois que cela est possible dans les appels à projets de recherche et/ou d’innovation, venant du secteur public, de la dimension « usages et design » ;

4. ouverture du crédit d’impôt aux dépenses de design des PME ;

5. intégration des dépenses de design dans les aides à l’innovation apportées par Bpifrance ;

6. création de « plateformes Roger Tallon / recherche technologique, design, ingénierie » dans sept ou huit communautés d’universités et d’établissements (ex PRES) ;

7. développement de la recherche sur l’articulation entre design / économie et société / technologie (contrats doctoraux et post doctoraux) ;

8. développement du volet design dans l’éducation artistique et culturelle ; mise en place d’une éducation technologique et industrielle pour tous ; renforcement du potentiel des écoles de design ;

9. reconnaissance du design dans le Programme des investissements d’avenir (PIA) afin d’obtenir une dotation dédiée ;

10. création de la fondation pour le Design associant la sphère publique et la sphère privée dans le financement de la politique nationale de design.

 

Ces actions clés pour le redressement productif, et le redressement créatif qui l’étaye, ne peuvent occulter d’autres actions nécessaires, notamment toutes celles qui visent le grand public en France ou la promotion de la création française en Europe et à l’international, qui sont essentielles.

 

Quels dispositifs sur le terrain pour la mise en oeuvre de cette politique ?

 

L’examen des dispositifs existants révèle d’une part que plusieurs organismes implantés en Ile-de-France ont une vocation nationale – ou aspirent à l’avoir – et ont des missions parfois redondantes ou concurrentes ; et d’autre part que plusieurs régions sont sans opérateur qui puisse participer à la diffusion de la démarche design et accompagner les entreprises. Il convient donc de remédier à cette situation. Il est proposé que des consultations et des négociations s’ouvrent sous l’égide de la Mission Design dans les prochains mois pour déboucher sur des décisions politiques début 2014.

 

Le moment est venu de faire des choix.

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